Nous avons vu Ghosts of Mars après un orage cataclysmique. C'est un film furieux, très violent, presque gore.
Violent et dur: c'est certain. Mais, pour moi, il est dans la moyenne de mes autres films. Il n'a pas l'impact énérgique des blockbusters du cinéma américain. Je manque de moyens pour les effets spéciaux. Rien à voir avec Pearl Harbor...
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Pourquoi l'alliance d'une blonde-mannequin et d'un chef de gang black est-elle la seule susceptible de sauver le monde?
Si vous prenez le film comme un western, ce qu'il est essentiellement, vous assistez à la rencontre d'un brigand e d'un shérif: le bien s'allie avec le mal por combattre le pire. Or je n'avais jamais vu, à l'intérieur de ce schéma, ces éléments-là. C'est inattendu. C'est une des raisons de l'échec du filme aux Etats-Unis. Personne n'a compris l'originalité du sujet: je n'ai fait un film black, ni un film blanc.
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Quand avez-vous pensé à la structure en flash-back du récit?
Après avoir écrit une première version du scénario, j'ai cherché du relief. Tous les incidents se déroulaient à la suite, de A jusque'à Z. C'était ennuyeux. J'ai tout fait éclater pour introduire du secret. Notamment autouor de cet étrange virus. Finalement, a grande scène d'exposition de Ghosts of Mars se déroule une heure et quart après le début!
Les flash-back indiquent que les personnages sont déjà des fantômes, puisqu'une seule rescapée fait le récit des mésaventures du groupe.
Je n'y avais pas pensé, mais ça sonne bien.
Il y a une filiation avec Jacques Tourneur. Dans Curse of the Demon, Dana Andrews a cette phrase «Certains de mes meilleurs amis sont des fantômes». Les fantômes de Ghosts of Mars sont-ils vraiment nos ennemis?
Il est question d'un choc de civilisations. On peut imaginer que les fantômes du film sont issus d'une ancienne civilisation barbare qui ne s'est jamais développée autrement qu'à travers ses capacités sur-naturelles. Comme toutes les civilisations fondamentalistes et guerrières, les fantômes ont laissé derrière eux une malédiction. (...) Les hommes ont voulu coloniser les barbares pour imposer leurs lois. Ces mêmes conflits existent sur Terre, mais ici nous sommes sur Mars, et les fantômes ne répodent pas par la raison, mais par la sauvagerie. Le problème central devient alors celui de la survie de l'espéce, et une question se pose: à qui appartient le territoire? Le western revient par le côté: que serait-il arrivé à l'Amérique si les Indiens nous avaient laissé une petite surprise?
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Pourquoi tout passe par les femmes dans Ghosts of Mars? La société coloniale de la planète Mars est fondée sur le matriarcat.
Je ne l'avais jamais vu ailleurs, cela suscitait ma curiosité, j'ai toujours voulu faire un film d'action féminin. Dans les films américains, les femmes doivent donner les preuves de leur existence et de leur talent de la première à la dernière scène. Dans Ghosts of Mars, c'est clair depuis le début: les femmes ont le pouvoir. Cela me semble logique, on peut imaginer que, dans soixante-dix ans, nous aurons rendu notre environnement insupportable à force de patriarcat - ce que démontrent les fantômes dans le film. Une société féminine serait peut-être moins compétitive, et plus coopérative, mais je n'en suis pas sûr, nous sommes tous des êtres humains.
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Votre film est situé dans le futur et il parle de conflits qui viennent du passé, entre es humains et leurs fantômes. Mais il se passe aussi «ici et maintenant», de même que vous disiez, à propos des vampires de votre précédent film, qu'ils existaient «réelement aujourd'hui».
L'idée est que la sauvagerie et la brutalité font partie de chacun d'entre nous. Si on n'y fait pas attention, elle est là. (...) Dans Ghosts of Mars, il n'est pas question de vampires, mais les humains sont forcés de réagir à une attaque. D'où ma réponse sur ce qui est «ici et maintenant»: la survive. Voilà ce qui me préoccupe le plus. La survive de tous. Je suis un enfant de la guerre froide. J'ai grandi avec la menace de l'annihilation. Elle était réelle pour ma génération, très réelle.
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Pourriez-vous tourner Ghosts of Mars maintenant?
C'est une chose de faire un film sur la sauvagerie et la brutalité en des temps pacifiques. Les gens l'acceptent mieux. C'est une autre de s'y coller quand tout va mal. Beaucoup plus difficile.
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Nous avons vu Ghosts of Mars une semaine avant le 11 septembre. Après quoi, il a été impossible de ne pas y penser.
J'y ai pensé aussi, mais je n'ai cessé de me dire qu'il était incroyable que nous ne soyons pas dans un film. Vous savez, j'ai été en haut de la tour sud du World Trade Center lors de Escape From New York. J'y ai tourné des plans. Maintenant, il n'y a plus rien! Fini! Disparu! (...) Des temps difficiles vont commencer.
Avec vos filmes en toile de fond.
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